Jeanne
DEMOULIN, merci pour ce moment…
Le 18 octobre 2017,
dans le cadre des « mercredis du GIS Démocratie et participation »
à Paris, Thomas KIRSZBAUM a commenté le livre de Jeanne DEMOULIN sur la
participation dans les HLM après une présentation faite par cette auteure.
La RFCP n° 9 avait déjà formulé
des commentaires élogieux à l’égard de cet ouvrage (Jeanne DEMOULIN, La Gestion du
logement social. L’impératif participatif, préface de Marie-Hélène BACQUÉ,
Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2016, 274 p.). On avait notamment
relevé le passage hilarant sur les « moments
à la c… ».
On rappelle que
Jeanne DEMOULIN a montré combien les mécanismes de participation dans les HLM,
où l’on invite des habitants à s’exprimer, montrent une monopolisation de fait
de la parole par certains groupes peu représentatifs des populations
concernées.
Lors de sa
présentation du 18 octobre 2017, Jeanne DEMOULIN a souligné le poids des
critères de compétence pour être mandaté au titre des structures dites « représentatives » des habitants
(AFOC, CNL, CGL, CSF, CLCV) au sein des conseils d’administration des organismes
HLM.
L’auteure, qui décrit
un monde d’une grande violence mais toujours avec politesse et sans un mot qui
dépasse l’autre, avoue tout de même que tout ceci conduit à la domination « d’hommes blancs à la
retraite »
parmi ces mandataires censés représenter les habitants.
Thomas
KIRSZBAUM commente Jeanne DEMOULIN
Thomas KIRSZBAUM,
tout en louant la qualité du travail de Jeanne DEMOULIN, approuve la position
de celle-ci, même s'il formule des nuances que la RFCP avait d’ailleurs
également formulée.
Jeanne DEMOULIN
insiste beaucoup sur le néolibéralisme comme unique cause de la faillite des
démocraties, alors qu’il est problématique de tout ramener à la question
néolibérale quand on relève, comme le fait parallèlement l’auteure à juste
titre, le poids des traditions disciplinaires proches de l’extrême droite (LE
PLAY…) au sein des personnels des organismes.
En outre, elle ne
parle pas beaucoup des démarches actuelles relevant du pouvoir d’agir, même si
cela s’explique par un choix assumé .La province et les organismes HLM faisant
de la promotion immobilière ont été exclus du champ d’étude. Du coup, l’alliance
citoyenne de Grenoble et les expériences des organismes HLM s’intégrant dans des
démarches d’habitat participatif ont été omis.
Surtout, Thomas
KIRSZBAUM s’interroge sur le fait que Jeanne DEMOULIN n’ait pas insisté sur les
« clivages
ethno-raciaux extrêmement puissants » et évoque même l’hypothèse d’une
volonté de « suprématie d’un groupe sur les autres ».
Comme il faut appeler
un chat un chat, ce qu’il sous-entend est le poids d’un suprématisme blanc.
Jeanne DEMOULIN a
répondu qu’elle a surtout constaté une exclusion des femmes.
Pour les concilier
tous les deux (en sachant que leur discussion s’est très bien passée et que
manifestement ils sont sur la même longueur d’onde), le racisme et le machisme
n’ont jamais été exclusifs, au contraire… On commence par mépriser les femmes.
On finit par haïr les étrangers et les gens de couleur.
Compte
là-dessus, et tu verras Montmartre…
Julien TALPIN, un des
organisateurs des mercredis du GIS, a rappelé que la CNL avait lu le rapport
BACQUÉ-MECHMACHE sur le pouvoir d’agir et que lors de son dernier congrès, elle
s’était engagée à promouvoir cette dynamique…
Le LGOC, qui a déjà
évoqué cet excellent rapport BACQUÉ-MECHMACHE doute très sérieusement de la bonne volonté de nombreux acteurs à cet égard. Il conviendra de changer les choses de l'intérieur, pour ceux qui le pourront.
Nous assistons à une division entre deux populations : d’un côté, celle des propriétaires
et des locataires prétendument légitimes, tous blancs, souvent masculins et
âgés généralement de plus de 50 ans, et le reste de la population (les femmes,
les jeunes, les asiatiques, les Noirs, les gens ayant des musulmans dans leur
famille…) qui ont tous le droit de la fermer, même quand ils ont bien mieux agi.
Sur ce point, seul le
résultat compte. On est très éloigné du pouvoir d’agir.
Un
problème de logique sociale
Nous n’avons donc pas
besoin de promesses ni de leçons de morale méprisantes émises par des gens qui
ont beaucoup failli et qui risquent d’errer plus encore.
Ainsi, lors des
mercredis du GIS, sans être trop cruel, on peut s’interroger d’ailleurs sur la
présence (ou plutôt l’absence) des minorités visibles… C’est l’éternel
bavardage révolutionnaire au nom de populations que l’on marginalise.
Pour éviter tous ces
problèmes, il FAUT respecter les principes que le LGOC ressasse sans cesse, à
savoir la rotation, la réciprocité, la
vérification, le regard croisé et l’intermédiation.
Le discours radical de
rupture sociale en peau de lapin sur l’autogestion et le pouvoir d’agir est
trop souvent émis par des messieurs blancs à l'air un peu supérieur, et ça commence à bien faire.
La rotation permet de combattre cette
domination perpétuelle des messieurs blancs. La réciprocité impose de respecter les gens lorsqu’ils ont accompli
des tâches que l’on estime respectables (et pour lesquelles on souhaite être
respecté soi-même quand on les accomplit).
La vérification et le regard croisé permettent d’éviter l’omerta, les combines des
réseaux et les mélanges des genres qui pourrissent l’ambiance dans le monde de
l’immobilier et notamment en copropriété ou en HLM.
L’intermédiation oblige à ne plus
agresser directement celle ou celui auquel on veut faire des reproches. Sur ce
point, le calvaire des femmes syndics bénévoles trop souvent harcelées par des
crapules machistes est insupportable et serait évité si les principes du LGOC
étaient respectés.