Le LGOC et l’IGCHF, qui tiennent le présent blog, ont suscité la parution d’un ouvrage démontrant que participation et démocratie peuvent aller de pair, sans cacher que ce n’est
pas toujours le cas actuellement. Il est vrai que ceux qui promeuvent la participation peuvent aussi être
guidés par le culte de l’argent, par le souci de dominer des masses inféodées
ou par la volonté de constituer une élite fermée. Seuls ceux qui construisent
des collectifs égalitaires ouverts à tous mais avec un compagnonnage
obligatoire pour éviter le chaos individualiste sont d’authentiques démocrates.
La fin d’un
discours simpliste sur la participation démocratique
Un certain discours relatif
à la ‘‘démocratie participative’’
consiste à appeler les citoyens à se mobiliser dans l’action collective pour retrouver
une capacité d’influence sur leur propre vie.
La tendance conduite
par Benoît HAMON ainsi qu’Europe Ecologie Les Verts a souvent adopté cette
phraséologie.
Si ce courant politique
a connu quelques difficultés en 2017 et qu’il semble assez mal en point, c’est
parce que ce raccourci est simpliste. Il est vrai qu’on ne peut pas être démocrate
seul dans son coin mais en s’associant avec des individus assujettis par des
tyrans, on n’œuvre pas à la démocratie non plus.
Une action collective peut ne pas être démocratique du tout, même s’il est vrai qu’il ne peut pas y avoir de démocratie sans
action collective.
L’ouvrage qui vient de
paraître aux éditions du Puits fleuri le montre :
Les
différents types de participation
Dans ce livre, quatre
types de participation sont repérés.
Le premier mode de
participation est démocratique. Il
repose sur l’intégration de tous sans discrimination. Toutefois, il nécessite
aussi une organisation qui oblige chacun à respecter les autres dans une
égalité stricte.
Pour éviter la sauvagerie
consumériste et l’esprit d’avidité hérité de mai 1968, chaque nouveau membre d’un
tel collectif doit s’astreindre à un compagnonnage auprès d’une personne qui a
déjà prouvé qu’elle était capable de s’associer aux autres à égalité.
Ensuite, après ce
compagnonnage, les nouveaux venus doivent prendre toute leur place à égalité
avec les autres dans la gestion du groupe.
Le second mode de
participation est aristocratique. Il
repose sur l’idée que certaines personnes, du fait de leur culture, de leur
genre, de leur degré d’instruction, de leurs choix de vie, de leur religion ou
de leur couleur de peau, doivent être exclues car elles sont inférieures.
Le groupe pratique alors
la cooptation pour interdire la venue de tous ceux qui déplaisent aux membres.
C’est contraire au principe de mixité dont certains élus prétendument
progressistes nous rebattent les oreilles, mais après tout, chacun est libre de
faire ce qu’il veut du moment qu’il ne demande pas le soutien de la puissance
publique, qui n’a pas à soutenir la constitution de privilèges et le repli
communautariste.
Le troisième mode de
participation est ploutocratique, de
ploutos, la ‘‘richesse’’ en grec
ancien. Là encore, le groupe est fermé mais la sélection des membres ne repose
que sur l’argent.
Enfin, la participation
peut se fonder sur l’intégration de masses remuantes qui s’expriment dans le
désordre mais qui sont placées sous la dépendance de dirigeants qui les
manipulent. C’est là un fonctionnement ochlocratique,
du grec ancien ochlos (qui se
prononce okhlos), la ‘‘foule mue par
ses instincts’’.
Entre démocratie,
aristocratie, ploutocratie et ochlocratie, le livre précité n’opère pas une
hiérarchisation morale. Il repère simplement les modes d’organisation les mieux
adaptés à chaque attitude.
Un outil
pour les citoyens, les élus et les professionnels
Grâce à cet ouvrage,
les citoyens peuvent vérifier la correspondance entre ce qu’on leur promet et
ce qu’on leur vend effectivement.
Trop souvent, des promoteurs parlent d’habitat
participatif parce qu’il s’agit d’un verbiage sympathique en évoquant la
démocratie avec grandiloquence.
Dans les faits, ils
vendent un fonctionnement relevant au mieux de l’aristocratie ou de la
ploutocratie, au pire de l’ochlocratie.
Avant de s’investir
dans de tels projets, la population doit y voir plus clair.
Des animateurs professionnels payés grâce à des
subventions publiques n’ont également que le mot démocratie à la bouche
alors qu’ils encouragent la cooptation aristocratique.
En France, on a
évidemment le droit de fonder des associations aristocratiques ou
ploutocratiques voire despotiques. À l’inverse, il ne saurait alors être
question de disposer alors de soutiens financiers de la collectivité.
Les groupes
fonctionnant sur une base élitiste n’ont pas à être soutenus par la puissance
publique pour leur fonctionnement. Les élus doivent être plus vigilants à cet
égard pour ne pas soutenir « l’entre-soi
à coups de deniers publics » selon la formule d’une fonctionnaire d’une
collectivité bretonne.
Quant aux
professionnels du droit et de l’immobilier, ils voient surgir la concurrence plus ou moins loyale d’acteurs
non formés souhaitant conseiller les groupes d’habitants sans payer de
charges équivalentes à celles des intervenants traditionnels.
Notaires, avocats et
syndics doivent réagir au lieu de se laisser manipuler par ceux qui
dévalorisent leurs professions. Les attitudes
ultralibérales et libertaires consistant à favoriser l’irruption d’individus
à n’importe quelle condition sur un marché ne relèvent pas de la démocratie
mais de l’ochlocratie.
Les consommateurs doivent en être avertis. S’ils veulent se comporter comme des
pigeons, libre à eux, mais qu’ils ne s’étonnent pas d’être plumés à la fin.