L’association
LGOC a donc adopté de nouveaux statuts le 07 décembre 2013.
Ces
statuts font directement référence à John
BELLERS (1654-1725), un Quaker anglais qui fut le précurseur de la
coopération dans son ouvrage de 1696 : Proposals
for Raising a Colledge of Industry of All Useful Trades and Husbandry
(Londres, T. Sowle).
En
préface de son ouvrage, John BELLERS cite les propos du Lord Chief Justice HALE
qui rappelait que chacun n’est que le
gardien de sa fortune ou de son talent. Nous devons donc rendre compte de
l’usage que nous faisons des moyens dont nous disposons.
Ce
qui est en notre pouvoir doit donc être mis au service d’objectifs légitimes.
John BELLERS n’en était pas pour autant favorable au despotisme ou au
collectivisme. L’obligation d’agir en direction d’un but précis donné n’est pas
seulement une contrainte. Cela confère également une dignité et une capacité à
de résistance à l’asservissement tyrannique.
Même
si John BELLERS aurait été un peu surpris de cette remarque, une telle vision
des choses s’inscrivait dans une tradition ancienne.
Depuis
Grégoire Ier (vers 540 - 604),
les souverains pontifes romains utilisent, pour eux-mêmes dans leurs actes
importants (et notamment les bulles), la formule servus servorum Dei
(serviteur des serviteurs de Dieu).
Grégoire Ier
Cette marque d’humilité visait à souligner
que le pontificat n’était pas un pouvoir mais un service. Dans le même temps,
se placer dans une optique de mission rend indépendant par rapport à ceux qui
ne partagent pas cet objectif. Les pontifes, avec cette formule, commencèrent à
se détacher clairement de l’autorité de l’empereur siégeant à Constantinople.
La
coopération telle que l’a prônée John BELLERS permettait justement le même
mouvement vers l’autonomie. Les collèges d’industrie qu’il souhaitait bâtir
visaient à faire sortir les pauvres, et tout particulièrement les enfants, des
logiques d’extrême dépendance dont ils étaient les captifs soit dans le cadre
d’institutions charitables, soit à l’égard d’employeurs très cruels.
En
participant à une démarche collective, les
membres de ces collèges d’industrie étaient placés dans un processus éducatif
qui leur donnait une place et des prérogatives liées aux objectifs poursuivis
par ces structures, même si chacun avait également des obligations pour
contribuer à la réussite de ces objectifs.
L’association
LGOC a tenté de mettre en place une organisation similaire pour être au service
de ceux qui veulent coopérer ou s’intéresser à une coopération offrant des
garanties objectives. Chacun peut accompagner la démarche à sa manière, y
compris en étant référent externe. Toutefois, les diverses fonctions créées par
les statuts ne sont pas des produits de consommation mais des missions dont on doit prouver que l’on a la
capacité de les mener.
Ainsi,
pour celui qui montrerait avoir promu la coopération telle que l’a conçoit l’association
depuis plus longtemps que ne l’a fait le président actuel, ce serait avec
plaisir que les membres de l’association lui offriraient la présidence, à
charge pour lui de continuer à remplir les obligations corollaires. Les fonctions dans l’association ne visent
pas à conférer des statuts insusceptibles d’évaluation. Elles sont plutôt les
corollaires de missions au service de principes bien précis.
John
BELLERS a également répondu à une objection souvent portée contre ce type
d’actions collectives. Du fait de la crise ou des périls guettant la société,
il ne serait pas possible, selon certains, de s’investir dans un projet
structuré. Tous devraient obéir aux règles de l’immédiateté et de l’urgence au
profit des droits qu’ils prétendent détenir. Cette position est évidemment
absurde. Plus la situation de la société
est grave, plus la mission pesant sur chacun est importante et moins les droits
de ceux qui veulent s’opposer à la réalisation de cette mission sont légitimes.
Robert
OWEN (1771-1858), un industriel de Grande-Bretagne, est l’un des fondateurs de
la mouvance coopérative contemporaine et il s’est explicitement inspiré de John BELLERS. Avec
raison, des auteurs s’intéressent aujourd’hui à Robert OWEN. On doit remercier
Ophélie SIMEON (http://www.laviedesidees.fr/Robert-Owen-pere-du-socialisme.html) de
noter l’influence de ce passé sur le travaillisme britannique actuel. On peut
également signaler les travaux de la Robert Owen Association au Japon (http://ica-ap.coop/sites/default/files/articles_14.pdf).
Désormais,
il appartient au LGOC d’accomplir sa tâche en montrant comment ce courant, exprimé depuis le XVIIe siècle mais présent dès le Haut Moyen Âge, peut nous
donner des idées concrètes et utiles, notamment concernant la
copropriété.